D’abord tous petits, insignifiants
ils se mettent à pousser timidement
En ai-je assez? ceux de mes copines sont-ils apparents?
Lecture marquante, Carrie de Stephen King,
dont la mère appelle les seins des “salbosses”
l’expression du péché et du diable personnifié
… mots pas très engageant pour appréhender ces changements.
Ma mère, elle, a une poitrine généreuse
la mienne me gêne, je ne sais pas quoi en faire
en tout cas, elle ne me rend pas heureuse !
Petite poitrine
enserrée
dans des soutien-gorges toute la journée
Petit plaisir en passant le pas de la porte le soir
me débarrasser de cette entrave, un au revoir
de bien courte durée
car le lendemain me revoilà ligotée
Poitrine utile
qui nourrit mes enfants
mais poitrine douloureuse aussi
avec crevasses, mastites et engorgements
Je persévère, j’encaisse, je dépasse
et je m’épanouie dans ce lien mère-enfant
Petit être qui se blottit tout contre moi
téton dans la bouche, main sur le sein
instant précieux et serein
Un moment de femmes
une tente rouge
on parle de nos seins
une femme exprime qu’elle ne met plus de soutifs
… je n’avais même jamais pensé que c’était possible!
Le déclic, plus de soutifs… depuis 10 ans
Poitrine mystère
poitrine misère
et son lot de cancer… ma mère
angoisse, palpations
passerai-je moi aussi par ce calvaire… mystère?
Ma poitrine et moi
on change, on évolue
on s’écoute, on se cherche
et on s’apprivoise
Elle semble ces derniers temps
vouloir me montrer un chemin nouveau
vers une expression de ma féminité assumée
une exploration sensorielle de bas en haut
de la sensualité, de la sexualité
… Olé !
Emeline Decaesteker
Chamalune
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